Les jeux vidéo et Ghibli
Date : 17 mai 2025
Ghibli et les jeux vidéo, c’est une drôle d’histoire. En voici un court résumé.
C’est quoi, adapter un film en jeu vidéo ? Et comment bien le faire ? Est-ce seulement pertinent ? S’il est très fréquent d’adapter un roman en film, c’est parce qu’il y a une réelle possibilité artistique à explorer. Le Seigneur des Anneaux de Tolkien devient la trilogie de Peter Jackson.
Un roman et un film sont tous les deux linéaires, non-interactifs, et peuvent raconter la même histoire, mais pas de la même manière. Dans le meilleur des cas, le roman et le film sont tous les deux bons, et les fans peuvent apprécier les deux. La même logique s’applique aux mangas, bandes dessinées, séries, et même au théâtre.
Mais un jeu vidéo, c’est interactif. Et là, que l’on adapte un média linéaire (film, livre…) en jeu, ou un jeu en média linéaire, il faut changer de cadre. Par exemple :
- On peut conserver l’univers et raconter une autre histoire. League of Legends devient Arcane.
- Ou on peut choisir la facilité et adapter un manga en jeu de combat. Il n’y a plus rien à raconter, c’est juste de la baston. Naruto devient Ultimate Ninja Storm.
- Et puis parfois, la non-linéarité totale de l’histoire rend la chose impossible. Vous iriez vraiment voir un film Slay the princess ? Un jeu où chaque choix du joueur (c’est vous !) a ses conséquences ?
Revenons à Ghibli. Le film Nausicaä de la Vallée du Vent a eu droit à trois adaptations obscures au Japon, sur micro-ordinateur, qui oscillent entre le nullissime et le techniquement-cool-mais-pas-amusant :
- ナウシカ危機一髪 Naushika kiki ippatsu , PC-6001, 1984
- 風の谷のナウシカ Kaze no tani no Naushika , PC-8801, 1984
- 忘れじのナウシカ・ゲーム Wasureji no Naushika Game , MSX, 1984
Les films Ghibli ne sont pas faits pour être adaptés en jeux vidéo. Mais un autre chemin est possible, celui d’un jeu totalement original, créé en collaboration avec le studio… Ce jeu existe, c’est Ni no Kuni.
Sorti en 2010 sur Nintendo DS, puis sur PlayStation 3 et sur PC (avec une version remasterisée en 2019). Le jeu possède notamment des musiques composées par Joe Hisaichi, des cinématiques animées par le Studio Ghibli, et un style 3D assez fidèle au « style Ghibli » (quoi que ça veuille dire). Personnellement, je n’ai pas accroché au style de jeu, donc je ne suis pas allé bien loin. Et Ghibli n’a jamais participé à d’autres jeux, allez savoir pourquoi.

Attention, le jeu a eu des suites, mais le Studio Ghibli n’a pas du tout participé à celles-ci. Joe Hisaichi est quand même à la musique de Ni no kuni II, et Yoshiyuki Momose à la conception des personnages. Enfin, on peut citer Jade Cocoon, un jeu PlayStation auquel a participé Katsuya Kondō, un concepteur de personnages du Studio Ghibli. Mais ces deux jeux « ne comptent pas », puisqu’il s’agit de participation de personnes, pas du studio lui-même.
Franchement, le bilan n’est pas glorieux, et ça ne donne pas envie d’avoir plus de jeux vidéo liés à Ghibli, surtout si ça n’est rien de plus qu’un argument de vente.